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Point de conjoncture, avril 2009


Ce communiqué, qui fait état de la situation des principaux indicateurs économiques, observés au cours du quatrième trimestre 2008, relate les estimations pour le premier trimestre 2009 et présente les prévisions pour le deuxième. La présente analyse conjoncturelle a été établie sur la base des informations tirées des enquêtes de conjoncture, des enquêtes sur les prix et la production, effectuées périodiquement par le HCP, ainsi que des statistiques administratives à caractère infra-annuel.



Point de conjoncture, avril 2009
Au premier semestre 2009, l’activité économique nationale évoluerait dans un contexte mondial marqué par la récession de la plupart des pays avancés. L’économie hors agriculture se situe dans une phase conjoncturelle défavorable, compte tenu des évolutions récentes des principaux indicateurs avancés de l’économie. La croissance de la valeur ajoutée non- agricole se serait située aux alentours de 1,3%, en variation annuelle, au premier trimestre 2009, contre 6,6% réalisée un an plus tôt. Toutefois, les résultats attendus de l’actuelle campagne agricole, largement favorables, continueraient de maintenir la croissance globale à des taux relativement élevés, soient 4,7% et 5,7% respectivement, aux premier et deuxième trimestres 2009. Ces évolutions seraient, éventuellement, amenées à être mises à jour, au vu des résultats des prochaines enquêtes de conjoncture.

Poursuite de la récession mondiale au début de 2009

La crise financière, amorcée en 2007 aux Etats-Unis, s’est progressivement étendue à l’ensemble des marchés financiers et a fini par atteindre l’économie réelle. Entraînant une perte de confiance qui a touché l’ensemble des agents économiques, cette crise s’est traduite par une restriction de l’accès au crédit et une augmentation de l’épargne de précaution chez les ménages, par crainte de chômage, au détriment de la consommation. Le durcissement des conditions de financement a poussé les entreprises à réduire leurs dépenses d’investissement. Le recul de la demande intérieure s’est traduit par une décélération progressive du commerce international tout au long de l’année 2008, pour déboucher sur une contraction de 4,2%, en glissement trimestriel, au quatrième trimestre, propageant, ainsi, la crise à l’ensemble de l’économie mondiale.

La récession, observée au quatrième trimestre 2008, devrait se prolonger au premier semestre 2009, avec la poursuite de la contraction de l’activité dans la plupart des pays avancés. Les prévisions font état d’une baisse de leur PIB de 1,7%, en glissement trimestriel, au premier trimestre 2009, et d’un probable apaisement à partir du deuxième trimestre (-0,7%), suite notamment aux effets attendus des plans de relance, engagés par les gouvernements de ces pays pour soutenir la consommation et l’investissement. Toutefois, des incertitudes demeurent quant à l’évolution de la situation financière et l’ampleur de l’impact sur l’économie de ces plans de relance et aux délais de leur mise en œuvre. Par ailleurs, le mouvement de désinflation devrait se poursuivre en 2009, en réponse à la nette décrue des prix des matières premières, enclenchée depuis la mi-2008, et à la faiblesse de la demande.

Baisse de régime de la demande mondiale adressée au Maroc

La contraction de l’activité chez nos principaux partenaires commerciaux devrait peser sur les débouchés à l’exportation du Maroc. La demande étrangère, adressée à l’économie marocaine, reculerait de 5,5 %, en variation trimestrielle, au premier trimestre 2009. Cette baisse de régime, entamée depuis le début de l’année 2008, s’était matérialisée par un net recul au quatrième trimestre (-4,7%) et cela pour la première fois depuis 2001, clôturant, ainsi, l’année avec un taux de croissance de 2,7%, contre 8,1% réalisé en 2007.

Après avoir évolué positivement aux trois premiers trimestres 2008, les exportations de biens, corrigées des variations saisonnières, se seraient contractées de 19,2%, en glissement trimestriel, au premier trimestre 2009, faisant suite à une forte baisse enregistrée au quatrième trimestre 2008 (-36,2%). Le recul des ventes extérieures des phosphates et de leurs dérivés explique, en partie, ce mouvement baissier, après avoir fortement profité de la fermeté des cours mondiaux, surtout au deuxième trimestre 2008.

Pénalisées par le repli de la demande étrangère, les exportations, hors phosphates et dérivés, auraient souffert du recul des expéditions des biens d’équipement et des demi-produits, en particulier ceux des produits électriques et électroniques. Toutefois, les exportations des biens de consommation, en particulier celles des vêtements confectionnés et de la bonneterie, semblent se soustraire progressivement de la morosité qu’elles avaient connu tout au long des années 2007 et 2008, enregistrant, au premier trimestre 2009, des évolutions positives, hors effets saisonniers, estimées à 8,6% et 27,6% respectivement, en variations trimestrielles.

En réponse à la contraction de l’activité industrielle, les importations ont nettement reflué au premier trimestre 2009 (-9%), en particulier celles des demi-produits, des produits bruts et énergétiques et des biens d’équipement. La baisse plus prononcée des exportations par rapport aux importations se serait traduite par un recul du taux de couverture, pour se situer aux alentours de 40%. L’évolution conjoncturelle défavorable des transferts des MRE et des recettes touristiques, observée depuis le troisième trimestre 2008, ne permettraient pas d’atténuer l’impact du déficit commercial sur la balance courante, comme ce fut le cas pour les années antérieures.

Le relâchement des activités non-agricoles se confirme

Le ralentissement de la croissance de l'économie marocaine, à l'œuvre depuis le deuxième trimestre 2008, a été plus marqué que prévu à fin 2008. Le taux de croissance du PIB global est passé de 7,1%, en variation annuelle, au premier trimestre 2008, à 3,1%, trois trimestres plus tard. Ce tassement a touché, principalement, les secteurs orientés vers l’extérieur (industrie, mines et tourisme en particulier), ramenant, ainsi, leurs fluctuations conjoncturelles en dessous de leurs niveaux tendanciels. Les autres activités ont vu leurs productions se réajuster à une demande intérieure en perte de vitesse. Leurs productions semblent, également, entamer une phase de ralentissement conjoncturel, sans pour autant afficher un gap négatif.

Le secteur agricole reste la seule branche d'activité dont la croissance s’est maintenue au rythme préalablement avancé. La valeur ajoutée agricole verrait sa production s’améliorer, au cours de 2009, de plus de 28% par rapport l’année précédente. En 2009, les effets favorables, succédant aux conditions climatiques propices du début du printemps, ont permis de relever significativement les rendements de la plupart des cultures, notamment ceux des céréales, dont la production avoisinerait les 102 millions de qx pour la campagne 2008-2009. En revanche, les cultures maraîchères et industrielles verraient leurs productions décélérer, en raison des pertes des superficies et des cultures causées par les inondations.

Les activités industrielles fortement touchées par le repli de la demande extérieure

Au niveau de l’industrie, l’accélération de la production, observée au début de 2008, s’est nettement estompée à la fin de l’année. La contribution du secteur à la croissance économique globale est passée de 0,7 point, au premier trimestre, à -0,5 point au quatrième trimestre 2008. Ce revirement de tendance a été piloté par le retournement à la baisse des industries métalliques et le relâchement des produits de l’automobile et des biens d’équipement, associés à une forte contraction de l'activité des industries de transformation des phosphates. Les enquêtes de conjoncture révèlent la poursuite du fléchissement des activités du secteur, en ce début d’année, due à un recul qui aurait concerné davantage les carnets de commandes étrangères que locales.

Subissant une chute de 17,9% au quatrième trimestre 2008, la production minière a été la plus faible depuis le deuxième trimestre 2004. Cette régression incombe à la conjonction de plusieurs chocs externes dont, principalement, la réduction de la demande mondiale adressée au secteur et le retournement conjoncturel des cours internationaux des produits agricoles. Les signaux actuellement perceptibles suggèrent le prolongement de cette conjoncture défavorable jusqu’à l’été 2009, comme en témoigne, d’ailleurs, les anticipations des entreprises minières, dont les niveaux s’établissent largement en dessous de leur moyenne tendancielle.

Le secteur touristique confirme, au premier trimestre 2009, son ralentissement, enclenché une année avant l'amorce de la crise économique internationale. Cette dernière est venue accentuer la position du secteur dans sa phase descendante. Depuis 2007, son activité a été bridée par une réduction continue du nombre des nuitées étrangères. C’est ainsi, qu’au quatrième trimestre 2008, les recettes voyage ont diminué de 15,5%, en variation annuelle, après -5,9% au trimestre précédent. Au premier semestre 2009, l’activité touristique peinerait, sous l’effet de la récession poursuivie des économies européennes ; son rétablissement risque, ainsi, d'être différé, comme l’atteste, d’ailleurs, la régression de 4,5% affichée par les nuitées, à fin février 2009.

Bien que son rythme d’évolution se maintienne à des niveaux positifs, des signes d’essoufflement de la croissance du secteur du BTP se concrétisent de plus en plus. L’inflexion de la cadence de sa progression, relevée au quatrième trimestre 2008 (4,8%, contre 9,4% un trimestre plus tôt), en constitue une première manifestation. Cette décélération a affecté, particulièrement, l’activité du bâtiment, où un net ralentissement de l’utilisation des matières premières, notamment le ciment, des effectifs employés et des commandes adressées au secteur a été anticipé par les entrepreneurs. Les capacités de production non-utilisées n’ont pas cessé d’augmenter depuis le début de 2008. Elles se sont établies, hors effets de la saisonnalité, aux environs de 35%, au quatrième trimestre 2008, contre 30,9% au premier trimestre 2008.

Au total, la croissance de l’activité économique, hors agriculture, s’est établie à 1,9% au quatrième trimestre 2008, contre 4,5% un trimestre plus tôt. Elle poursuivrait son mouvement dégressif, au premier trimestre 2009, atteignant près de 1,3%, soit le niveau le plus faible depuis le deuxième trimestre 2002. Cette estimation reflète la prudence qu’impose l’absence actuelle de signes tangibles d’une éventuelle reprise de l’activité économique sur le court terme. Un aléa important, ayant trait à l’évolution des activités secondaires, n’est pas à exclure. De même, un redressement moins important du secteur primaire et des activités annexes, pourrait se traduire par une réduction de la croissance économique globale, estimée actuellement à environ 5,7%, pour le deuxième trimestre 2009.

Ralentissement de la demande intérieure en 2009

Pour ce début de l’année 2009, la demande intérieure nationale continuerait de soutenir l'activité économique, mais sa croissance serait relativement moins importante que l’année précédente. L’investissement productif verrait son rythme d’évolution ralentir par rapport à 2008 ; les entreprises pourraient réduire leurs dépenses d'investissement, compte tenu des perspectives d’une demande extérieure faible et de l’augmentation de leurs capacités de production non-utilisées. Les importations de biens d’équipement n’ont, d’ailleurs, crû que de 4,1%, en variation annuelle, à fin février 2009, contre 21,2% un an auparavant. De plus, les investissements en construction, particulièrement ceux destinés au haut et moyen standing, connaîtraient un certain relâchement, pour la première fois depuis 2006. Ce ralentissement est confirmé par la décélération des crédits à l’immobilier à fin février 2009 (25,2%, contre 43,4%, une année auparavant).

La consommation des ménages a été tempérée, par ailleurs, par le fléchissement des revenus extérieurs, notamment ceux transférés par les MRE (-14,8% à fin février 2009), et par la décélération des crédits à la consommation (+26,2% à fin février 2009, contre +41,7% un an plus tôt).

Une inflexion à la baisse de l’inflation sous-jacente

Le maintien de l’inflation autour de 3,8%, durant le premier trimestre 2009, a également pesé sur le pouvoir d’achat des revenus des ménages. Les hausses récentes trouvent leurs causes, notamment, dans la progression des prix des produits alimentaires. Les dommages causés par les inondations ont réduit l'offre de certains légumes et fruits, durant l’hiver, et ont provoqué des augmentations substantielles des prix des produits frais. L’inflation sous-jacente a, par contre, connu une inflexion remarquable depuis le deuxième trimestre 2008, pour se situer à 1,7% au premier trimestre 2009. Sa décélération a coïncidé avec un sensible recul des prix de certains produits importés. Cette légère détente, essentiellement celle des produits alimentaires hors frais, pourrait se poursuivre au deuxième trimestre 2009. Pour les prix des produits frais, l'évolution devrait être plus modérée, après les fortes hausses enregistrées à la même période une année passée, alors que ceux des produits non-alimentaires évolueraient selon leur rythme tendanciel, pour atteindre 1,6%. Ce qui situerait le taux d’évolution de l’indice global des prix aux alentours de 2%.

Pour plus de détails, se référer à la publication « Point de conjoncture n°16 ». La reproduction des informations, contenues dans cette publication, est autorisée, sous réserve d’en mentionner expressément la source.

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Rédigé le Dimanche 26 Avril 2009 à 13:57 modifié le Mardi 8 Novembre 2016

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