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Etude sur le potentiel de diversification de l’économie marocaine et les nouvelles opportunités de sa croissance

Mercredi 7 Mars 2018

Présentation par Monsieur Ahmed Lahlimi Alami, Haut Commissaire au Plan de l’Etude sur le potentiel de diversification de l’économie marocaine et les nouvelles opportunités de sa croissance

  Nous avons eu, à plusieurs reprises, l’occasion, de relever l’impératif catégorique d’une diversification du tissu productif de notre économie, afin d’améliorer, dans la durée, notre épargne intérieure, par une plus grande distribution d’emplois et de revenus et notre épargne nationale par une offre exportable plus forte et plus compétitive. Nous avions déjà, dès 2012, soulevé cette question, en soulignant, pour la première fois, et en le réitérant, depuis, à chacune des présentations de notre budget économique, que cette diversification était indispensable à un  relai par une demande extérieure d’une dimension excessive de la demande intérieure devenue le moteur de notre croissance économique. C’est en cela que nous n’avions cessé de justifier nos appels réitérés à une inflexion de notre modèle de développement que nous présentions comme étant en état d’essoufflement, voire proche de ses limites.
 
Nous avons réaffirmé l’urgence de cette même problématique dans les conclusions de notre étude sur le rendement du capital physique au Maroc et mis, dans le même but, l’accent sur la nécessité de consolider l’accumulation de l’investissement en l’orientant avec plus de volontarisme vers les secteurs productifs de notre économie. Les mêmes conclusions nous les avons réitérées au cours de nos travaux sur la mesure du capital humain ou encore dans les multiples analyses périodiques sur la situation du marché de l’emploi dans notre pays et ses effets sur la faible valorisation des ressources humaines.
 
Aujourd’hui, dans le même sillage, nous souhaitons aborder la même problématique, à la lumière, cette fois-ci, d’une approche développée par des chercheurs de l’Université de Harvard dans une étude récente sur les transformations structurelles des économies et analyser la réalité de notre offre exportable nationale, pour évaluer les opportunités dont elle peut tirer profit,  compte tenu du potentiel de diversification que recèle le tissu productif national.
 
Nous nous référerons, à cet effet, aux deux concepts utilisés dans cette approche, celui de l’espace-produit et celui de la complexité.
 
Cette approche part, en effet, de l’examen de l’ « espace-produits » qui renvoie à l’ensemble des produits visibles sur le marché mondial. Elle analyse chacun de ces produits, en fonction du contenu qu’il incorpore en termes de savoirs, de connaissances technologiques, de savoir-faire et d’efficience de l’environnement social et institutionnel, dites capabilités et qu’il a été nécessaire de mobiliser pour son élaboration, le niveau de ce contenu étant exprimé par l’IPC, l’indice de complexité-produit (Index Product Complexity).
 
L’analyse, par ailleurs, du niveau de ces capabilités que recèle le tissu productif des économies nationales d’où proviennent ces produits, conduit à un indicateur du niveau de complexité de ces dernières, exprimé par l’Index Economic Complexity (IEC). Aussi, plus un pays crée de produits avec des IPC qui s’accroissent, plus la complexité de son économie va s’accroître et son potentiel de diversification et de croissance va se renforcer.
 
A ce niveau, deux conclusions de cette approche sont pertinentes pour nos travaux aujourd’hui.
 
  • La première montre que la marge de diversification des exportations d’un pays est tributaire de sa capacité, en termes de capabilités, à élaborer des produits similaires ou proches de ceux qu’il exporte et pour lesquels il bénéficie d’avantages comparatifs révélés. De ce fait, les produits requérant des capabilités similaires sont susceptibles d’être exportés ensemble. Aussi, chaque pays devrait, en premier lieu, déceler dans son tissu productif le potentiel endogène de création de ce type de produits.
 
  • La deuxième conclusion est que les pays diffèrent, par le nombre de capabilités qui sont présentes dans leur territoire, tandis que les produits, eux, diffèrent par le nombre de capabilités que requiert leur élaboration. C’est pour cela que les économies les plus complexes sont souvent les plus diversifiées.
 
A la lumière de ces conclusions, cette note se propose d’analyser la réalité de l’offre exportable de notre pays, ainsi que le potentiel de diversification que recèlent les différentes branches d’activité de son économie et, en particulier, en produits proches de ceux pour lesquels il a un avantage comparatif révélé. Nous analyserons les gains d’opportunités qui s’offrent à chacune de ces branches, pour élargir sa capacité de production à de nouveaux produits, aujourd’hui latents mais accessibles à l’exportation, dès lors que les capabilités disponibles sont mieux exploitées.
 
Cette démarche a, en outre, l’avantage d’ouvrir, avec de nouvelles pistes de diversification de nos exportations, des éléments pour une réflexion sur la priorisation que ces pistes pourraient s’assigner à cet effet. C’est dire qu’il ne s’agit pas d’assener, je ne sais quelle vérité, sur de nouvelles sources de diversification de notre tissu productif, mais plutôt d’ouvrir un débat sur cette problématique fondamentale pour notre pays et où l’apport des professionnels est non seulement le plus utile, mais aussi le plus indispensable.
 
Dans ce cadre, M. Khellaf Ayyache présentera le diagnostic de la complexité de l’économie marocaine et Mme Joubari Meryem les opportunités du tissu productif national, ainsi que l’identification des amorces stratégiques possibles pour leur exploitation dans une vingtaine de branches d’activité. Avec l’espoir que ces approches par branche donneront lieu à des débats plus productifs grâce aux points de vue des opérateurs professionnels dans ces branches.
 

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Brahim KEJJI

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